lundi 25 février 2013

LE MARTINISME


Le martinisme est un courant de pensée ésotérique, rattaché à la mystique judéo-chrétienne. Ce courant de pensée remonte à Joachim Martinès de Pasqually, fondateur en 1761, de l'Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers, puis à son secrétaire, Louis-Claude de Saint-Martin, dit "le philosophe inconnu", célèbre par son livre « Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers » (1782). Le mot "martinisme" joue donc habilement sur les noms propres "Martinès" et "Saint-Martin".

Histoire

C'est sous l'égide de Saint-Martin que le théosophe et occultiste Papus (Gérard Encausse) fonde l'"Ordre Martiniste" à la fin du xixe siècle siècle. Le martinisme est donc issu d'une rencontre entre la théosophie et la pensée de Saint-Martin.

L'historien de l'ésotérisme Antoine Faivre écrivait que « La Théosophie est la doctrine chrétienne des xvie et xviie siècles, tantôt populaire et mystique, tantôt érudite et philosophique, représentée par Paracelse, Boehme, Weigel, Fludd, etc., et qui se caractérise par la réflexion analogique ou l'illumination intérieure, l'expérience spirituelle, les notions : d'émanation, de chute originelle, d'androgynat, de sophia, de réintégration, d'arithmosophie, et surtout de double force ».

Certains chercheurs n'ont pas hésité à donner comme source de ce mouvement des confréries hermétiques du xie siècle. Robert Ambelain, notamment, cite l'« Ordre des Frères d'Orient » (qui aurait été fondé à Constantinople en 1090) et fait remonter la généalogie du martinisme aux courants gnostiques alexandrins des Iè au Vè siècle.


Classification

Le martinisme est un courant qui relève de l'ésotérisme judéo-chrétien. Il se divise en quatre mouvements qui restent liés par leur histoire et par un même objectif (qui est, selon les mots de Papus, « la réhabilitation de l'Homme ») :

le martinézisme, doctrine judéo-chrétienne et pratique théurgique fondées par J. Martinès de Pasqually en 1772

le saint-martinisme, une philosophie fondée par Louis-Claude de Saint-Martin (secrétaire de Martinès de Pasqually) en 1775

le willermozisme (et le Rite écossais rectifié), un rite maçonnique fondé par Jean-Baptiste Willermoz en 1778.

Selon Michele Moramarco, qui a etudié les relations entre Martinisme et Franc-maçonnerie on peut identifier aussi une forme de martinisme maçonnique dans les rituels "rose+croix" du Rite Philosophique Italien (1909)

l'Ordre martiniste, Ordre fondé par Papus en 1891 ; en dérivent l'Ordre Martiniste Synarchique, fondé par Victor Blanchard en 1920, l'Ordre Martiniste Traditionnel, fondé par Augustin Chaboseau et Victor-Émile Michelet en 1931.

Valentin Tomberg et la mystique d'Amour johannique


Les écrits de Valentin Tomberg, et cela même si l'homme est controversé, restent une source de méditation pour quiconque cherchent des paroles de sagesse, puisse -t-il en être de même pour vous...

"Valentin Tomberg (1900 - 1973), que Hans Urs von Balthasar a caractérisé comme un "penseur et un orant chrétien dont la pureté force l'admiration", est resté longtemps une source cachée d'inspiration pour ceux qui s'intéressent à la mystique et à la spiritualité.

Son nom n'a pas atteint le vaste public parce que dans son ouvrage le plus célèbre, « Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot » (Paris, Aubier), l'auteur s'efface complètement derrière sa création, en se présentant comme un "auteur qui a voulu conserver l'anonymat." De plus ces ouvrages ont été tardivement et discrètement publiées...

Partant de l'hermétisme français et russe, Tomberg finit par rejoindre le catholicisme en passant par l'anthroposophie. De même, il eut des rencontres intenses et fécondes avec l'Église chrétienne orientale et les religions asiatiques.

Le spectre peu commun de ces horizons a permis à son langage nourri d'images d'exprimer une rare ouverture et ampleur, tout en restant profondément ancré dans le christianisme...

Il aurait eu une expérience mystique forte à Bruges devant les reliques du Saint Sang qui a orienté la suite de sa vie et écrit...

Extrait de son livre "Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot" :


« "2", c'est le nombre de la réintégration de la conscience, enseignée par le Maître à Nicodème, par l'Eau virginale et par le Souffle de l'Esprit Saint.

"Deux" est tout cela, et il est plus encore. Non seulement le nombre "deux" n'est pas nécessairement "l'illégitime binaire" décrit par Louis Claude de Saint-Martin, mais encore il est le nombre de l'Amour ou la condition fondamentale de l'amour qu'il présuppose et postule nécessairement. Car l'amour est inconcevable sans l'Aimant et sans l'Aimé, sans MOI et TOI, sans l'Un et l'Autre. Si Dieu n'était qu'Un et s'il n'avait pas créé le Monde, il ne serait pas le Dieu révélé par le Maître, le Dieu dont Saint Jean dit : "Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui" (I Jean IV, 16) Il ne le serait pas, parce qu'il n'aimerait personne sauf soi-même.

Comme c'est impossible au point de vue du Dieu d'Amour, Il est révélé à la conscience humaine comme la Trinité éternelle de l'Aimant qui aime, de l'Aimé qui aime et de leur Amour qui les aime : Père, Fils et Saint-Esprit. N'éprouvez-vous pas aussi un sentiment de malaise chaque fois que vous rencontrez une des formules énonçant les attributs supérieurs des Personnes de la Sainte Trinité, telle que "Pouvoir, Sagesse, Amour" ou "Être, Conscience, Béatitude" (Sat - Chit - Ananda) ? Pour moi, j'éprouvais toujours ce malaise, et ce n'est que plus tard, beaucoup d'années plus tard, que j'en ai compris la cause. C'est parce que Dieu est amour, qu'il n'admet aucune comparaison, qu'Il surpasse tout - et le pouvoir, et la sagesse et même l'être.

On peut, si l'on veut, parler du "pouvoir de l'amour" de "la sagesse de l'amour" et de la "vie de l'amour" pour faire une distinction entre les trois Personnes de la Sainte Trinité, mais on ne peut pas mettre sur le même plan l'amour d'un côté et de l'autre, sagesse, pouvoir, être. Car Dieu est amour et c'est l'amour, ce n'est que l'amour, qui attribue par sa présence la valeur au pouvoir, à la sagesse et à l'être même. Car l'être sans amour est dépourvu de toute valeur. Être sans amour ce serait la peine la plus épouvantable - c'est l'enfer même ! »

(Extrait de : « Méditations sur les 22 arcanes majeurs du Tarot », 1984, Éditions Aubier Montaigne, Paris, 1980, 1984, 1992

Valentin Tomberg a écrit d’autres ouvrages abordant le tarot :

« Le Mat itinérant. L'amour et ses symboles ». Une méditation chrétienne sur le Tarot. Edition établi et présentée par Friederike Migneco et Volker Zotz. Luxembourg: Kairos Edition 2007 [texte bilingue français/allemand]

« Christ and Sophia : anthroposophic meditations on the Old Testament, New Testament, and apocalypse », Great Barrington, MA: SteinerBooks, 2006.

« Degeneration und Regeneration der Rechtswissenschaft », Bonn : Bouvier, 1974

LE "MARTINISME" N’EST-IL PAS "FRANC-MAÇONNIQUE"?


Je profite de cet article sur le martinisme pour corriger enfin une confusion fréquente qui voudrait assimiler le martinisme à une forme de franc-maçonnerie...

Les adeptes du Martinisme insistent pour dire que le martinisme n’est pas une obédience maçonnique, il est selon eux "absolument indépendant de toute organisation maçonnique", même s’il entretient généralement d’excellentes relations avec les obédiences qui pratiquent une maçonnerie initiatique, c'est-à-dire empreinte de la pensée traditionnelle telle que je l’ai définie au début de cet article. Il y a incontestablement convergence de vues entre les maçons respectueux de la tradition mystique, et les martinistes, sachant que la double appartenance est fréquente.

De plus, j’ajoute ceci, pour répondre à certaines accusations qui ont traîné, et traînent encore de-ci de-là, le martinisme n’est en aucun cas une copie de la franc-maçonnerie, même si dans ses structures et son système hiérarchique, il semble s’en rapprocher.

En vérité, le martinisme entretient souvent des relations privilégiées avec le Régime Écossais Rectifié pour les raisons précédemment exposées, qui ont voulu que Saint-Martin et Willermoz fissent un bout de chemin ensemble ; la pensée martiniste survit également dans de nombreuses loges de cette maçonnerie particulière, pratiquée presque exclusivement en France et en Suisse.

De nos jours, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra et, plus particulièrement, la loge « La France », sont animées par un esprit martiniste sans pour autant renier leur appartenance à l’Ordre des francs-maçons.

De même, certaines loges de la Grande Loge de Memphis-Misraïm, dont Robert Ambelain fut le réveilleur et le Grand-maître, est très proche de l’"Ordre Martiniste Initiatique", fondé en 1968 à l’initiative de frères maçons de cette obédience.

LES ORDRES MARTINISTES...

Le martinisme, courant de pensée se référant principalement à Louis-Claude de Saint-Martin ainsi qu'à Martines de Pasqually et Jean-Baptiste Willermoz a donné naissance à plusieurs ordres martinistes, dont le plus ancien fut fondé par Papus en 1891.

Origines

Les Ordres martinistes ne sont pas le prolongement direct de « l'Ordre des Chevaliers Maçons Elus-Cohen de l'Univers »: En effet, Martines de Pasqually partit pour Saint-Domingue en 1772, avant d’avoir terminé l'organisation de son ordre, et il n'en revint jamais.

Deux de ses disciples continuèrent à diffuser son enseignement, avec des sensibilités différentes : Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz.

Mais ni Saint-Martin, ni Willermoz n'ont fondé de société portant le nom d' « Ordre Martiniste ». On sait seulement que se constitua autour du premier un groupe auquel certaines lettres d'amis font allusion sous le nom de « Cercle des Intimes ». L'initiation transmise par Louis-Claude de Saint-Martin se serait perpétuée par deux filiations différentes jusqu’à la fin du xixe siècle, époque à laquelle deux hommes en auraient été dépositaires : le Dr Gérard Encausse, alias Papus, et Augustin Chaboseau. Papus et Chaboseau, tous deux étudiants en médecine, se rencontrent grâce à un ami commun : P. Gaëtan Leymarie, dont la librairie existe toujours à Paris, rue Saint-Jacques.

Création de l'Ordre martiniste en 1891

Papus et Chaboseau se transmettent ce qu'ils ont reçu et décident en 1891 de créer un ordre initiatique qu'ils appellent « Ordre Martiniste ». Sa revue, créée par Papus, estL'Initiation. L'ordre se dote d'un "Suprême Conseil", composé de 12 membres, qui élit Papus à la charge de Grand Maître.

L'OM connaît dès lors une extension rapide : Paris compte bientôt quatre loges, et l'ordre s'implante aussi à l'étranger. Le numéro d'avril 1898 de L'Initation signale qu'en 1897, il existait 40 loges dans le monde, et qu'en 1898 leur nombre atteignait 113.

Avec la guerre de 1914-1918, l'ordre tombe en sommeil. Plusieurs groupes martinistes indépendants voient le jour à cette époque, pour connaître un destin souvent éphémère. Il subsiste cependant de nos jours d'autres obédiences martinistes.

En 1931, sur le conseil de son fils, A. Chaboseau réunit les survivants du "Suprême Conseil" pour reprendre la situation en main. Ceux-ci l'élirent à la charge de "Grand Maître", qu'il laissa à Victor-Emile Michelet dès 1932. Le qualificatif "Traditionnel" est ajouté à cette époque au nom de l'ordre, pour signifier que l'ordre s’appuie sur les fondements véritables du martinisme, et en réaction au foisonnement des groupes indépendants.

l'OMS, l'OMT et l'AMORC

Comme son père Harvey Spencer Lewis, Ralph Maxwell Lewis est consacré SI IV pour l'OMS (Ordre Martiniste et Synarchique) en 1936 par Victor Blanchard. À cette époque Jeanne Guesdon est encore membre de l'OMS.

En 1939, Ralph Maxwell Lewis, "Imperator" de l'"Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix" est chargé par le "Suprême Conseil" d'installer l'"Ordre Martiniste Traditionnel" aux États-Unis.

Quand plus tard l'AMORC se réorganise dans l'Europe d'après-guerre, il est décidé que l'OMT exercera ses activités en son sein. Depuis cette époque, l'Imperator de l'AMORC est aussi "Souverain Grand Maître" de l'OMT, et pareillement le "Grand Maître" de la juridiction française de l'AMORC assume en même temps la fonction de "Grand Maître" de l'OMT.

Ordres Martinistes

Le martinisme est aujourd'hui véhiculé par plusieurs ordres exprimant des sensibilités parfois diverses mais toujours inscrits dans la tradition d'origine et cultivant des idéaux communs.

L'ordre martiniste traditionnel est proche de l'ordre rosicrucien AMORC. Quelques-uns des autres ordres martinistes (malgré le dénie) sont assez proches de la franc-maçonnerie, en particulier de celle qui pratique les Rites maçonniques égyptiens ou le Rite écossais rectifié. D'autres sont plus indépendants.

L’Ordre Martiniste Traditionnel (OMT) est un Ordre Martiniste parrainé par l’Ordre de la Rose-Croix AMORC depuis 1946, suite à une réunion de la FUDOSI (regroupant les organisations traditionnelles et initiatiques au plan international)(source Lumière Martiniste, feuillet d'information grand public).

Il a commencé à se développer en France au début des années 1960 et est devenu l’Ordre Martiniste le plus important du point de vue du nombre de membres.

L’Ordre possède une revue annuelle Pantacle et compterait environ 6 000 membres dans sa juridiction francophone.

BIBLIOGRAPHIE :

Martinisme :

Papus, « Martinésisme, willermosisme, martinisme et franc-maçonnerie », Paris, Chamuel, 1899.

Teder (Ch. Détré), « Rituel de l'Ordre martiniste » (1913), in Œuvres Complémentaires de Louis-Claude de Saint-Martin, Editions Déméter, 1985, 176 p.

Robert Amadou, « Louis-Claude de Saint-Martin et le martinisme », Paris, Editions du Griffon d'or, 1946.

Robert Ambelain, « Le Martinisme, histoire et doctrine* [1946], suivi de Le Martinisme contemporain et ses véritables origines »  [1948], Signatura, 2011

Robert Amadou, « L'Ordre martiniste au temps de Papus », Paris, Cariscript, 1988.

Jean-Marc Vivenza, « Le Martinisme, l'enseignement secret des Maîtres, Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz, fondateur du Régime Écossais Rectifié », Le Mercure Dauphinois, 2006.

Michele Moramarco, « Nuova Enciclopedia Massonica », Foggia, Bastogi, 1997.

Stanislas de Guaita, « La Fraternité Martiniste et l'Ordre de la Rose-Croix » tiré de l'ouvrage "Essai de Sciences Maudites" (1886-1897).

Willermozisme

Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon, « Dictionnaire historique de Lyon », Stéphane Bachès, 2009, Lyon

Jean-Marc Vivenza, « Les élus coëns et le Régime Ecossais Rectifié : de l'influence de la doctrine de Martinès de Pasqually sur Jean-Baptiste Willermoz », Le Mercure Dauphinois, 2010.

Martinésisme :

Martinès de Pasqually, « Traité sur la réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine » (1770-1772) (d'après le manuscrit de Louis-Claude de Saint-Martin), Diffusion Rosicrucienne, collection martiniste, 1999, édition présentée par Robert Amadou.

Robert Amadou, « Rituels d'initiation des Élus Coën », in L'Autre Monde, n° 68, fév. 1983

Franz von Baader, « Les Enseignements secrets de Martinès de Pasqually », précédé d'une Notice sur le martinézisme et le martinisme, Bibliothèque Chacornac, 1900 ; rééd. Robert Dumas, 1976 ; Editions Télétès, 2004.

Gilles Le Pape, « Les écritures magiques, Aux sources du Registre des 2400 noms d'anges et d'archanges de Martinès de Pasqually », Arché Edidit, 2006.

G. Van Rijnberk, « Un thaumaturge au XVIIIe s. : Martines de Pasqually. Sa vie, son œuvre, son ordre », t. I, Paris, Alcan, 1935 ; t. II, Lyon, Derain-Raclet, 1938

Voir aussi ; Articles connexes sur Wikipédia :
Rite de Memphis-Misraïm

Vous pouves aussi consulter quelques ouvrages en format "pdf", ici :
(en cliquant sur les images des livres)

"LA LUMIÈRE MARTINISTE"

LE MARTINISME HISTOIRE ET DOCTRINE, Robert Ambelain

LE MARTINISME CONTREMPORAIN ET SES VÉRITABLES ORIGINES, Robert Ambelain

2 commentaires:

  1. le dessin de la papesse est signé o.stéphane d' après papus .

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  2. O.Stéphane est l'auteur de "LE VERBE DU TAROT" publié chez Bussière .

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